LA SOIREE
ou
qui suis-je ?

 


En position couchée, le corps relâché, la respiration régulière, An se réveillait lentement. Il bougea la tête ... ensuite une main ...

- Alors, An, mon vieux - quelqu’un lui parlait - ... Combien de temps faut-il attendre pour que tu te décides à ouvrir tes organes de perception de notre chère réalité ?

- Ah ! Oui ! La réalité - soit : c’est Arol ! Rien à faire, il faut descendre dans ce triste monde, pensa An. Et puis, il dit :
- Oui, oui, je viens. Mais, Arol, enlève-moi tous ces fils et électrodes. Qu’attends-tu ?

- Ça va, ça va. Je te débranche de l’angevide.
- Merci. Et alors ? Que ce passe-t-il ici ?

 

- Je viens d’arriver à Cario et toi, dans un état pareil !
- Ici, l’on travaille. Et toi, comment vas-tu ?

 

- J’ai eu une route difficile, un brouillard givrant, tu connais cela. Mais, enfin, je suis là.
- L’essentiel est que nous soyons de nouveau ici. Viens, on va dire bonjour à la grand-mère Bella et après, j’ai beaucoup de « choses » à te raconter.

 

- O ! Mes enfants ! Arol et An ! s’écria-t-elle. Toujours ensemble, pourtant séparés ... A et A ! Je suis tellement heureuse de vous voir ... Ecoutez, aujourd’hui, pour le souper, nous avons votre plat préféré : les champignons à la crème fraîche avec des pommes de terre et, après, un dessert - surprise ... une soirée poétique, deux auteurs, tout à fait inconnus. C’est moi qui les ai découverts ! Veris et Erspine vont partager avec nous leurs expériences dans le monde de l’esprit ...

 

 

 

Malgré le souffle du vent glacial, dans la maison, il faisait bon et agréable.
Un énorme fourneau répandait une douce chaleur et l’on sentait l’odeur du sapin brûlé. Au plafond des bottes de fleurs séchées et, au milieu de la pièce, une table couverte d’une nappe, un chandelier en laiton - cinq bougies allumées.

Nous étions neuf : An, Bella, Arol, Programme, Voanne, Sahor, Veris, Erspine et Vatannan tous assis près de la table, et le chien Volna - sur des coussins, dans un fauteuil. Veris commença d’une voix très basse. Ce n’était pas une récitation, ni des vers. Simplement il parlait :

 

... peut-on partir
à la quête de la vérité ?

Où demeure-t-elle ?
Quelle est sa substance ?
Est-ce un état ?
Est-ce une connaissance ?

Pourquoi la question se pose-t-elle ?

La vérité fut-elle connue ?
Est-elle exprimable ?
Est-elle la même ?
Pour tous ?

Peut-on partir à la quête de la vérité ?

Trouver les maîtres,
trouver les chemins,
trouver les états,
trouver ... la réponse ?

Partir est abandonner - ici.
Partir est trouver un autre - ici.
Partir est changer - d’ici.

Peut-on trouver
la vérité ailleurs qu’ici ?

Ailleurs - qu’en soi ?