LE CHOIX
ou
qu’est-ce qui te guide ?





- O ! An ! A présent je vois cela très bien. La trace du transfert, du fait que l’on était quelque part, est ce « quelque chose » qui demeure en nous, dans chaque objet d’ailleurs ... Et aussi bien dans ton anneau. Une trace de l’inconnu ...
- Possible. Attends, je vais examiner de près le portait de cette petite dame ... Verrai-je une trace de l’inconnu ? Passe-moi la loupe. O ! Très jolie, très jolie, et quel travail. Je l’ai depuis si longtemps et je n’avais jamais vu ... Comme elle est belle ... Toute pâle. Regarde, c’est comme si elle souriait ... Mais oui, que veut-elle dire ? Exprimer ? Communiquer ? Oui, elle sait quelque chose, j’en suis certain ! Mais comment comprendre son message ? Son secret ?

 


- An, du calme ... Laisse la Dame Blanche tranquille, n’oublie pas notre discussion, calme-toi ... Laisse ... Donne-moi cette bague ...



... les petites ruelles,
étroites et dans l’ombre,
les maisons serrées,
l’une contre l’autre, hautes ...

Il marche vite sur les pas d’un moine, ils entrent dans une maison. 
A l’étage - une petite pièce, ils y entrent et sortent, par une autre porte. Ils descendent au rez-de-chaussée et regagnent la rue.

Toujours derrière le moine, il entre et sort de différentes maisons, plusieurs fois de suite. Dans l’une, il descend dans la cave, profonde, deux étages sous terre. Une petite salle voûtée, un plafond bas, tout près de sa tête. L’humidité, peu de lumière, l’odeur de moisissure, une table ...

 



 

Derrière la table, un personnage en noir - dit : 

A cause de l’orage cognitif dans l’hémisphère gauche, je ne peux pas te le remettre en sa totalité. Pose ta main là-dessus, 
que ton « sens » s’arrête ...

... pas si vite, attends ...
... maintenant ... très bien ... plus lentement ...
... oui ...
... regarde comme il s’éteint ...
... n’attends plus, ne dit rien ...
... c’est juste maintenant ...
...
... Qu’est-ce qui te guide ?
... Tu as peur de savoir ...
... Regarde, il s’envole ...
... Veux-tu partir aussi ?

Derrière la table, un paysage étrange :
une mer, les cités, les affaires,
une montagne ...
Derrière la table : la matière - une connaissance - le sens,
le poids de l’état de « être » ...
Derrière la table, un chandelier, une nappe, 
une carte ... une mappemonde ?
de quel monde ?

Laisse-les tomber !
Je t’ordonne !
Jette sur la table tes souvenirs
derniers !

Profite de cet instant ! 
Tout est ouvert ! Un grand moment sans importance. Arrive.
Viens. Après moi, si tu art is d’or, car val en qui tu ... ess ... pé ... i ...

... dans le cercle fermé
de la raison
les spires du blanc
enroulées avec du noir,
fondues dans l’ordre
du soleil et de la lune,
sûres comme béton,
après un saut dans l’imaginaire
une connaissance et l’ignorance
de soi-même,
derrière la table
en blanc, ou en noir ?
Tenant un chandelier,
les yeux
aux orbites profondes,
les yeux rouges 
du feu, 
quel est mon rôle,
qu’est ma volonté ?
Une matière, une proto-matière ?
Les murs s’écartent lentement, 
le feu rafraîchit le front et les pieds.
Un son ... une voix chante ...
Derrière la table, à peine visible,
ni blanc ni noir, 
un cortège de signes et de lettres
s’infiltre, détruit le vieux sens,
transforme arrache, crée ...
et de nouveau de derrière de la table
crie et bat, 
frappe partout,
tape aux yeux,
sur le fond blanc
un jet ocre se fixe,
gèle et s’enroule en plis,
derrière la table, en noir,
le vieux ou le nouveau ?
Dans le fourneau
des poumons
l’oxygène
brûle,
as-tu
le
choix ?
Le choix ? Entre le souffle du vent et le bruit d’une cascade ? 
Entre le hasard et l’ordre ? Je suis ton Ami Parfait et l’Ennemi Mortel, à chaque pas je te guide et te perds ...



- Oui, la Dame veut dire quelque chose ... Elle sourit ... Regarde ... Comment l’aider ... Ah ! C’est elle qui frappe depuis le monde N ! Elle veut communiquer avec nous ... Et nous, nous l’apercevons sous la forme de mystère ...
- Ecoute An, si c’est vraiment l’inconnu qui frappe c’est qu’il désire être compris, connu. N’est-ce pas ? Pour elle, pour la Dame Blanche, notre monde est un mystère, un inconnu. Connaître, connaître ! Tout tourne autour de la cognition.

 

- Et le moteur de la cognition est la « question » !
- Certes, car elle engendre la réponse.

 

- Or, nous savons déjà que la cognition se manifeste lors d’un transfert, quand « quelque chose » est transporté d’un monde à l’autre. C’est cela : la question - inconnu - et la réponse - connu. Mais quel est ce processus ?
- Remarque : si « quelque chose », venant du monde N, arrive au monde C, c’est qu’alors dans le monde N « quelque chose » disparaît ? 
Qu’en penses-tu ?

 

- Toi, avec tes apparitions et disparitions ! Je dois te décevoir, ces deux « quelques choses » n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
- An, qu’est-ce qu’une disparition ? Si je passe dans l’autre pièce, 
je disparais ?

 

- Mais oui, pour moi tu passes dans une autre chambre, tu changes de pièce ... Oui ! C’est le mouvement ! C’est le changement !
- Bien, et maintenant j’apparais, j’arrive de l’autre pièce. Pour moi, rien de plus facile ... Je vais ... Voilà ...

- ... et de nouveau un changement, le mouvement ... Il me semble que, lentement, nous arrivons au coeur du problème. Une disparition de « quelque 
chose » dans notre monde nous observons comme un mouvement. Pareillement, une apparition de « quelque chose », nous voyons aussi comme un mouvement. Dans notre monde, un mouvement est l’indicateur d’un changement, d’un transfert de « quelque chose » entre les mondes C et N. Le mouvement est la manifestation de la cognition en cours.

 

- Et s’il en est ainsi, l’immobilité ... Oui, oui ... Je vois où l’on va ... L’observation du mouvement dans une réalité est la preuve qu’elle est composé de deux mondes : C et N ! 

- En effet, le mouvement indique que le transfert se réalise, que les deux mondes communiquent.

 

- An, j’ai suivi attentivement le cours de ton raisonnement, et j’ai remarqué que la disparition, équivaut à la mort dans un monde donné. Alors que l’apparition pourrait être comparée à une naissance.

- Bonne observation. Dans cette façon de concevoir la réalité, aussi bien une naissance qu’une mort sont des transferts ... Hm ... En fin de compte, rien de nouveau.

 

- Discuter toute une éternité pour arriver à ce qui est connu depuis l’éternité ...

- Mais non, mais non, car, malgré l’épuisement d’une éternité, nous ne savons toujours pas quel est l’objet, ce « quelque chose », du transfert.